En Amazonie, infiltré dans le "meilleur" des mondes - Jean-Baptiste Malet
Au-delà du pamphlet contre le monstre logistique Amazon, ce livre nous entraîne dans la réalité engendrée par le monde digital.
En lisant ce livre vous apprendrez : logistique industrielle, e-commerce.
Ce monde qui nous fait croire à tort que par un coup de baguette magique le produit que nous désirons se retrouve dans notre boîte aux lettres. Monde ou le moindre de nos désirs de consommation s’exhausse en quelques clics sur un écran tactile.
Derrière la baguette magique, il y a bien une organisation logistique bien huilée et très surtout très sophistiquée. Réglée comme du papier à musique, il n y a aucune place pour de l’improvisation. Chaque note de la partition doit être parfaitement exécutée par des humains robots : aucune place à l’initiative. Chacun doit appliquer strictement la règle.
Ce livre regorge de pépites pour plusieurs raisons.
Déjà, parce qu’il est quasiment impossible de pénétrer dans un entrepôt Amazon et que celles et ceux qui y travaillent sont tenus à la confidentialité la plus stricte. Ici, on ne parle pas. C’est interdit par le règlement. De toutes les façons, les travailleurs, après leur journée de labeur, sont bien trop épuisés pour avoir encore l’énergie de partager quoi que ce soit sur ce travail, qui, s’il leur est nécessaire dans des bassins d’emploi à fort taux de chômage- pas le choix – impacte leur vie avec des conséquences sur leur équilibre et leur santé.
Ce témoignage de l’intérieur est donc d’une grande valeur.
Derrière la baguette magique, il y a bien une organisation logistique bien huilée et très surtout très sophistiquée. Réglée comme du papier à musique, il n y a aucune place pour de l’improvisation. Chaque note de la partition doit être parfaitement exécutée par des humains robots : aucune place à l’initiative. Chacun doit appliquer strictement la règle.
Nous voici de retour à la mode version 3.0. Ce livre, finalement, c’est Germinal de Zola version 21ème siècle.
Et puis, parce que derrière la dureté du propos et de la situation décrite, la description de cette caverne d’Ali Baba si difficilement accessible et qui regorge de tous ces objets hétéroclites reflets de notre société d’hyper consommation est pleine de saveur. Les livres de Victor Hugo côtoient les slips, les écrits haineux, les poupées Barbie, les bd, les adaptateurs électriques.
Bazar à ciel bien fermé pour ces travailleurs forçats du web travaillant bien réellement et sans aide de baguette magique à empiler et désempiler sans interruption des tonnes de marchandises qui arrivent de « là-bas » pour repartir illico et au plus vite « par ici ».
Quand la prouesse technologique et industrielle tourne au cauchemar éveillé pour ces hommes et ces femmes transformées en automates interdits de paroles et d’émotions, tout à chacun doit se poser la question de son rôle dans la création de cette mine nouvelle version.
Notre responsabilité est provoquée et c’est un des grands bénéfices de ce livre.
Nous devons avoir le courage de voir en face la réalité de ce monde du travail que notre envie de consommer toujours plus et surtout toujours plus facilement a engendré.
Oui, ce récit va vous faire froid dans le dos : et notre lecteur ne sera en tous les cas pas autant abîmé que celui de celles et ceux qui travaillent dans ces entrepôts maléfiques.
Nous avons de la chance mais nous portons sur notre conscience celui de tous ceux qui sesont brisés pour assurer notre petit confort futile de consommateur grisé et devenu siflemmard qu’il ne veut même plus marcher jusqu’à un magasin.